Le tendon d’Achille, dont le nom évoque une zone de vulnérabilité, est en capital pour des fonctions essentielles telles que marcher, courir et même maintenir la station debout. Cet élément de l’articulation de la cheville permet la flexion du pied et la propulsion du pas. Malgré sa robustesse, il est sujet à une certaine fragilité, notamment en raison de sa faible vascularisation, ce qui le rend vulnérable aux lésions. Une compréhension approfondie d’une déchirure est essentielle pour une gestion efficace et un soulagement durable.
Qu’est-ce que le tendon d’Achille et sa déchirure ?
Le tendon d’Achille est le tendon des muscles du mollet qui s’attache sur le talon, derrière le pied. Il joue un rôle primordial dans la mobilité du pied et de la cheville, étant sollicité à chaque pas.
Une déchirure du tendon d’Achille peut être partielle ou complète :
- une rupture partielle implique une lésion d’une partie des fibres du tendon.
- une rupture complète signifie une séparation totale des fibres du tendon. La rupture complète, bien que permettant souvent de marcher difficilement, rend impossible de se mettre sur la pointe des pieds.
Causes et facteurs de risque
La rupture du tendon d’Achille résulte souvent d’une combinaison de facteurs et d’événements. Plusieurs éléments peuvent contribuer à cette blessure :
- un traumatisme soudain : Une force traumatique soudaine, comme un impact direct, une torsion brutale du pied, une chute, ou un accident sportif, peut provoquer une rupture. Les mouvements brusques comme un changement de direction rapide, une accélération soudaine (sprint, course) ou un atterrissage mal amorti après un saut sont des causes fréquentes.
- des activités physiques et leur intensité : Les sports nécessitant des mouvements rapides, des sauts, des arrêts brusques ou des changements de direction, tels que le basketball, le tennis, le football et la course à pied, augmentent le risque de rupture. Une utilisation excessive du tendon sans période de récupération adéquate peut entraîner son usure progressive. Un manque d’échauffement suffisant avant l’entraînement, une technique inadéquate ou une fatigue musculaire sont également des facteurs contributifs. Une progression sportive trop rapide et excessive peut aussi favoriser cette blessure.
- l’âge et conditions médicales préexistantes :
- Les tendons perdent de leur élasticité et de leur résistance avec l’âge. Les ruptures sont plus fréquentes chez les sportifs autour de la quarantaine et chez les personnes âgées en général.
- Une mauvaise vascularisation de la zone peut rendre le tendon plus vulnérable.
- Certaines affections médicales comme la tendinite d’Achille, les infections, la prise de certains médicaments (corticostéroïdes), l’arthrite, le diabète ou d’autres pathologies rhumatismales peuvent affaiblir le tendon et augmenter le risque.
- Le surpoids et la déshydratation sont également des facteurs métaboliques de risque.
- Le port de chaussures inadéquates, ne fournissant pas un soutien adapté, peut y contribuer.
Quels sont ses symptômes ?
Les symptômes d’une déchirure du tendon d’Achille sont souvent immédiats et très distincts :
- une douleur soudaine et intense : une douleur aiguë est ressentie derrière la cheville ou en dessous du mollet, et peut irradier vers le bas du dos et la jambe.
- un bruit caractéristique : un bruit de claquement ou de déchirure peut être entendu au moment de la blessure. De nombreux patients ont la sensation d’avoir reçu un coup dans le mollet.
- un gonflement et des ecchymoses : un gonflement de la zone autour du talon est fréquent, souvent accompagné d’une sensation de chaleur et d’une enflure notable. Des ecchymoses ou marques bleues peuvent apparaître en raison de l’accumulation de sang.
- la raideur : une raideur du tendon d’Achille est souvent associée à une faiblesse du mollet.
- une difficulté à marcher et à bouger le pied : La marche devient douloureuse et difficile, et une démarche boiteuse est fréquente, le patient évitant de mettre du poids sur la jambe affectée. Il est également impossible de se tenir sur la pointe des pieds en cas de déchirure complète.
- une déformation visible : Dans les cas graves, une déformation visible du tendon ou un espace anormal entre ses extrémités peut être observé sur le talon.
Un aspect trompeur de cette blessure est que les patients parviennent souvent à marcher, même difficilement, sans ressentir de douleurs insoutenables, ce qui peut retarder la consultation et potentiellement nécessiter une intervention chirurgicale.
Quel diagnostic?
Un diagnostic précis est crucial pour un plan de traitement adapté.
- Examen clinique : Le diagnostic est possible grâce à l’historique des symptômes et à un examen clinique approfondi. Le médecin ou le physiothérapeute procède à des palpations pour déceler l’absence de mouvement de la cheville lorsque le mollet est sollicité. Cet examen peut souvent suffire pour un premier diagnostic.
- Imagerie médicale : Une échographie ou une résonance magnétique (IRM) est généralement nécessaire pour confirmer le diagnostic de rupture, visualiser l’emplacement exact de la déchirure dans l’articulation et évaluer sa taille. Ces précisions sont importantes car le temps de guérison et la conduite à tenir (opératoire ou non) en dépendent.
Les options de traitement
Le traitement d’une rupture du tendon d’Achille nécessite une prise en charge rapide pour assurer une guérison optimale. Les options se divisent principalement en traitement conservateur et chirurgical, le choix dépendant de l’âge du patient, de son niveau d’activité et de la gravité de la rupture.
- Traitements conservateurs :
- Principalement utilisés pour les ruptures partielles ou les ruptures complètes avec un écart minimal.
- Ils impliquent le repos et l’immobilisation du pied dans un plâtre, une attelle ou une botte de marche pour permettre au tendon de guérir naturellement.
- Des exercices d’étirement peuvent être recommandés pour commencer à améliorer la flexibilité de tendon.
- Le port d’orthèses plantaires au quotidien et lors d’activités sportives peut aider à prévenir une rupture complète en réduisant la tension sur le tendon. Les chaussures orthopédiques peuvent également être utiles.
- Dans les cas plus graves mais non chirurgicaux, le port d’une botte de marche pourra permettre au tendon de guérir naturellement ou bien le port d’une orthèse de cheville peut maintenir l’articulation en flexion plantaire, favorisant la guérison.
- Traitements chirurgicaux :
- Une rupture complète du tendon d’Achille nécessite souvent une intervention chirurgicale pour suturer les extrémités du tendon.
- La chirurgie est envisagée si le traitement conservateur n’est pas suffisant ou si la lésion est jugée trop importante.
Le rôle de la physiothérapie
Que le traitement soit conservateur ou chirurgical, la physiothérapie est une composante fondamentale de la récupération. Il est important de noter que vous pouvez consulter un physiothérapeute directement, sans avoir besoin d’un avis médical préalable. Si votre condition nécessite l’intervention d’un médecin, le physiothérapeute sera en mesure de vous l’indiquer.
Le physiothérapeute réalisera une évaluation complète pour déterminer la sévérité de la déchirure et les déficits observés, examinant votre mobilité articulaire, le glissement de vos nerfs, la qualité de vos mouvements, ainsi que votre force et stabilité.
Selon les résultats de l’évaluation, le traitement en physiothérapie inclura :
- la mobilisation de vos articulations, muscles et nerfs pour diminuer la douleur et améliorer le mouvement.
- des exercices spécifiques pour rééduquer la force et la stabilisation du pied.
- des exercices pour apprendre à bien contrôler vos mouvements.
- des conseils pour bien doser vos activités quotidiennes et de loisirs afin d’optimiser la guérison.
- Des recommandations pour votre posture et vos mouvements.
Rééducation et temps de guérison
La rééducation après une rupture du tendon d’Achille est un processus progressif et essentiel qui peut durer plusieurs mois pour restaurer pleinement la force et la fonction du tendon et prévenir les récidives.
Pour une rupture partielle ou une rupture avec un écart minimal entre les extrémités du tendon, et avec le port d’une orthèse ou d’une botte de marche, le temps de guérison peut être estimé entre 6 à 12 semaines. La rééducation active se poursuivra bien au-delà pour une récupération complète.
Après une intervention chirurgicale, la récupération peut prendre plusieurs mois avec une rééducation intensive. La prudence est de mise pour reprendre les activités sportives.
Conclusion
La déchirure du tendon d’Achille est une blessure sérieuse. Avec une compréhension approfondie et une prise en charge rapide et appropriée, il est possible de retrouver une mobilité complète et une cheville sans douleur. Consultez un professionnel de santé dès les premiers signes de douleur, que ce soit un médecin orthopédiste ou un physiothérapeute.
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